En cette rentrée universitaire singulière, sans majorité parlementaire, sans ministre et sans projet d'avenir porté au plus haut niveau de l'État, la CFDT rappelle ses priorités pour l'enseignement supérieur et la recherche publiques.
La séquence issue de la dissolution de l’Assemblée Nationale a abouti à une situation politique inédite, mais n’a pas modifié les difficultés que traverse l’ESR. Nos établissements restent sous-dotés en moyens humains et financiers. Leur bâti est souvent vétuste et inadapté pour faire face au changement climatique. Nous ne cessons de constater l’érosion du pouvoir d’achat des agents public de l’ESR, dans un contexte d’inflation non maitrisée et de rémunérations bloquées.
Plusieurs réformes ont aggravé cette situation : le pilotage quantitatif de nos établissements, notamment par le biais des COMP, la course aux regroupements en établissements publics expérimentaux… Ce faisant, on affaiblit la démocratie universitaire, et on aggrave la charge de travail des collègues. Du côté de la vie étudiante, les repas étudiants à 1€ étaient certainement une mesure utile. Cependant, le surcroît de travail pour les collègues des CROUS n’a pas été compensé et les situations de souffrance au travail se multiplient.
Un blocage institutionnel mal venu
Sur toutes les réformes, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques regrette le manque de concertation de la part du précédent gouvernement. Et maintenant, la vacance actuelle du pouvoir bloque structurellement tout dialogue social au niveau ministériel… Cela nous empêche d’obtenir de nouvelles avancées concrètes pour les agents.
La démission du gouvernement a également interrompu des réformes en cours :
- Pour la formation initiale des enseignants, c’est un soulagement pour les collègues impliqués dans ces formations. Le calendrier intenable que l’ancien gouvernement tentait d’imposer était de l’ordre de la maltraitance ! Néanmoins, nous ne souhaitons pas le maintien de la situation antérieure : les négociations doivent reprendre au plus vite. Et qu’on écoute, cette fois-ci, les professionnels de la formation des enseignants et des personnels d’éducation !
- Sur la situation des enseignants affectés dans l’enseignement supérieur (ESAS), par notre travail dans les instances, nous avions obtenu des avancées. Nous n’y renoncerons pas. Elles étaient insuffisantes : nous continuerons à négocier pour avoir davantage.
- Sur d’autres réformes en cours, comme l’autonomie des universités, le temps de travail annuel des fonctions support (BIATSS et ITA), le dialogue social n’avait jamais vraiment démarré. Le cap reste incertain, et les sujets d’inquiétude ne manquent pas !
Inquiétude politique, inquiétude budgétaire… qui dépasse la rentrée universitaire
Pendant toute la séquence électorale, conformément à ses valeurs, la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’est mobilisée contre l’extrême-droite. Le danger a été temporairement écarté, mais le Rassemblement National sort encore renforcé de cette séquence. Nous voyons partout la libération de la parole raciste, antisémite, xénophobe, homophobe et transphobe, que nous condamnons avec énergie. Nous serons de plus vigilants face à toute tentative de restreindre les libertés académiques et la liberté de recherche, qu’elles viennent de l’intérieur de l’institution ou d’autres acteurs.
C’est donc sous le signe de l’inquiétude que s’ouvre cette année universitaire. Nous avons en particulier de fortes craintes quant au futur budget de l’ESR. Ce que l’on sait des lettres de cadrage envoyées par le gouvernement démissionnaire est préoccupant. Les engagements pluriannuels pris dans le cadre de la loi de programmation de la recherche étaient clairs. Ils doivent être respectés pour maintenir la confiance des personnels envers la parole de l’État. Au demeurant, même si un projet de budget était finalement présenté au Parlement, serait-il adopté ? Il y a là le risque d’une crise grave et inédite.
Les jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024 l’ont montré : les services publics, si on leur en donne les moyens, sont un facteur d’unité et d’espérance pour notre pays. L’enseignement supérieur et la recherche, où se construit notre avenir, peuvent et doivent jouer ce rôle.