La Journée mondiale des enseignant.e.s du 5 octobre fut célébrée le 4 à l’UNESCO à Paris. La CFDT Education Recherche Formation Publique y était. L’occasion de rappeler notre attachement aux engagements pris par les états vis-à-vis de ce métier si important pour l’émancipation de la jeunesse.
Cette journée, c’est aussi le moyen de rappeler qu’en 2025, dans le monde, la profession fait face à des attaques de plus en plus nombreuses. En septembre 2023, l’ONU rendait public 59 propositions pour « transformer la profession enseignante » et créait un groupe de haut niveau chargé de porter ces revendications dans les états membres. Force est de constater que durant cette année, la situation des enseignants ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Attractivité, conditions de travail, rémunérations, empêchement d’exercer son métier… Autant de réalités qui font du métier enseignant un métier à risques à différents niveaux. Autant de raisons pour que la CFDT se mobilise au sein de l’Internationale de l’Éducation, fédération syndicale mondiale qui réunit 383 organisations d’enseignant∙e∙s et d’autres employé∙e∙s de l’éducation du monde entier.
Enseigner et apprendre dans certains pays est impossible et dangereux pour une femme
Depuis le retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan, la situation des femmes est dramatique. Le régime en place veut invisibiliser les femmes. « L’Afghanistan est aujourd’hui le seul pays au monde à interdire l’accès à l’éducation aux filles de plus de 12 ans et aux femmes », a affirmé, dans un communiqué, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. 1,4 million de filles et de femmes sont interdites d’instruction. Donc de liberté ! Dans d’autres pays (Arabie Saoudite, Yémen, Iran, Qatar), les femmes sont encore soumises à l’autorisation de leur mari pour pouvoir travailler et notamment enseigner (Rapport Women, « Business and the Law » de la Banque Mondiale). Au 21e siècle, la remise en cause du droit inaliénable à l’éducation est intolérable. L’Internationale de l’Éducation à laquelle appartient la CFDT se mobilise sur ce sujet.
Des attaques médiatiques contre les enseignants
La profession enseignante est encore trop souvent la cible de dirigeants politiques comme en Argentine, en Hongrie, même en France à travers certaines déclarations médiatiques. Des États réduisent les droits des enseignants, notamment celui de protester ou de faire grève. Face à de telles dérives, comment dès lors restaurer la confiance dans le système éducatif et permettre aux collègues enseignants d’exercer sereinement leur métier ? L’éducation est un droit pour tous et les enseignant.e.s incarnent justement ce droit. Travailleurs à part entière, ils et elles doivent bénéficier de l’accès à la liberté syndicale, du droit de porter un regard critique sur certaines mesures allant à l’encontre de leur métier. Là encore, l’Internationale de l’Éducation se mobilise et dénonce les attaques incessantes dans certains États contre le droit syndical chargé de défendre les intérêts de la profession. Elle rappelle les obligations gouvernementales en matière de reconnaissance du métier.
Des engagements qui ne sont pas suivis d’actes
La crise de l’attractivité du métier d’enseignant.e est un phénomène qui touche tous les états. Le rapport mondial de l’ONU sur les enseignants révèle que les systèmes éducatifs auront besoin de 44 millions d’enseignant.e.s du primaire au secondaire à l’horizon 2030. Pour remplir cet objectif, il convient que les états se mobilisent dans plusieurs directions afin de rendre le métier à nouveau attractif : améliorer les conditions d’exercice, mieux former, accompagner les personnels dans l’exercice de leur métier et bien sûr mieux rémunérer les enseignants. À l’heure où de nombreux pays rentrent dans une phase de récession budgétaire (la France en fait partie), il est peu probable que l’on aille dans ce sens. Pourtant, partout dans le monde, l’ONU et sa branche éducation, l’Unesco, demandent que les États sanctuarisent les budgets consacrés à l’éducation. Malgré la signature des 59 propositions en septembre 2023 (signature qui engage les États à mettre en œuvre les préconisations), de nombreux gouvernements les ignorent et réduisent les fonds alloués à l’éducation. La France suit malheureusement le même chemin. La Journée mondiale des enseignants du 5 octobre est, pour la CFDT, le moyen de rappeler la nécessité de valoriser le métier d’enseignant, de le reconnaître pleinement et d’assumer son rôle essentiel pour toute société.