Création du BNMA, une filière élitiste ?

Le texte créant le BNMA revient au CSE après le report du mois de juin. On pourrait se réjouir de voir une réforme de la voie pro ambitieuse, fondée sur l'expertise du geste et sur une insertion professionnelle de qualité. Si elle n'était pas finalement réservée à des élèves triés sur le volet !

Présenté en commission préparatoire du Conseil Supérieur de l’Éducation du mois de juin, le texte sur le BNMA avait finalement été retiré. Le ministère avait évoqué des discussions en off avec des organisations syndicales qui n’avaient pas été invitées. De plus, la réflexion s’appuyait sur un rapport de l’inspection générale non consultable. Les bases d’un dialogue social respectueux étaient assez mal posées. Les textes portant création des diplômes des métiers d’art reviennent donc au-devant de la scène, au CSE du 01 octobre 2025.

Que propose le nouveau décret sur le BNMA ?

En volume, sur tout le territoire, cela représente environ 93 divisions avec de très faibles effectifs : Pas plus de 15 élèves par classe.

Les grandes caractéristiques du BNMA sont les suivantes :

BNMA - Comparatif Bac PRo

Un volume horaire sur le cycle de 3 ans plus élevé qu’en bac pro : 2 784 heures en BNMA contre 2 530 heures en bac pro soit 254 heures supplémentaires.

Un volume horaire hebdomadaire de 31 heures (entre 28 et 31 heures en bac pro).

Une durée de PFMP moins importante : 16 semaines en BNMA contre 20 semaines en bac pro.

Un parcours différencié en fin de 3ᵉ année de 4 semaines, comme en bac pro.

Un volume horaire d’enseignement professionnel plus élevé qu’en bac pro : 1 611 heures en BNMA contre 1 189 en bac pro.

Les problématiques restent les mêmes et les enjeux sont complexes

Il est nécessaire que l’Éducation Nationale continue de proposer des filières attractives face aux CFA et aux écoles d’entreprise. Poser les bases d’un diplôme national des métiers d’art, c’est permettre à des élèves de se former à des gestes experts sous statut scolaire. Il s’agit tout de même de 281 métiers dans 16 spécialités différentes. Toutes situées dans le luxe et l’ultra luxe.

C’est peut-être là que se situe un des nœuds du problème.

BNMA : une nouvelle filière de formation ?

BNMAIl fut un temps où l’on parlait au ministère de l’Éducation Nationale de l’égale dignité des filières entre les voies générales, technologiques et professionnelles. Cela n’est plus de mise ni dans les mots ni dans l’intention.

Avant de s’occuper d’un nouveau diplôme, n’est-il pas temps de finaliser deux réformes de la voie professionnelle qui se sont enchaînées sans bilan et avec de nombreuses déconvenues ?

La proposition faite par le ministère revient à créer une filière d’excellence dans la voie professionnelle. Elle serait « réservée » à des élèves avec un profil particulier. Il reviendrait d’ailleurs aux principaux de collège, le dernier mot dans la proposition d’orientation vers les métiers d’art.

Autre inquiétude, la concurrence de cette nouvelle filière avec les diplômes existants. Nous avons déjà des retours d’académies où un CAP ébénisterie sera fermé au profit d’un Brevet National des Métiers d’Art.

Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, une telle création n’est possible que s’il y a des passerelles possibles avec d’autres formations. Cela marquerait la volonté de s’adapter à tous types d’élèves pour favoriser une insertion professionnelle de qualité.

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