La voie professionnelle concentre de plus en plus de situations qui exigent du temps, des moyens et du collectif : élèves issus de l'éducation prioritaire, élèves en situation de handicap, allophones nouvellement arrivés… Pour une inclusion réelle, il faut renforcer le pouvoir d’agir des équipes.
publics accueillis dans la voie professionnelle
Inclusion – Ce que défend la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques
Publics accueillis dans la voie professionnelle
La voie professionnelle accueille 650.085 élèves à la rentrée 2024, dont 529.614 dans le public : 105.619 en CAP 2 ans, 530.137 en Bac Pro ou BMA. Ils se répartissent à 43 % dans le secteur de la production, et 57 % dans les services. Source : DEPP – RERS2025 – Page 94
Des élèves issus de l’éducation prioritaire
Ils ont des trajectoires scolaires différentes de la plupart des autres élèves. Ils ont aussi des difficultés à se construire une identité professionnelle.
- À la rentrée 2024, 21.5 % des collégiens sont en éducation prioritaire. Les collégiens en REP+ représentent 7.3 % de l’ensemble des collégiens de France. Source : DEPP – RERS2025 – Page 62.
- 54.6 % des élèves de la voie pro (en 2024) sont issus d’une catégorie sociale défavorisée (38.7 % pour l’ensemble des élèves du second degré). Source : DEPP – RERS2025 – Page 91
« Bien qu’accueillant essentiellement des élèves issus de l’éducation prioritaire, les LP ne sont plus classés en éducation prioritaire. Moins de dépenses pour moins d’efficience ! »
Des élèves en situation de handicap et/ou à besoins éducatifs particuliers
Ils nécessitent des schémas de prise en charge particuliers (GEVA-SCO, PAP, PPRE, ESS…). Ces dispositifs d’accueil, construits en équipe pluri-disciplinaires (enseignants, infirmière, référent handicap, CPE, …) sont chronophages. Cette charge de travail invisible n’est que trop peu reconnue.
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À la rentrée 2024, le second degré scolarise 249 763 élèves en situation de handicap, dont 61 924 en ULIS (collège + lycée).
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En classe ordinaire, 31 846 élèves suivent une formation pro (CAP/Bac pro).
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Les ULIS « pro » progressent : 7 575 élèves en 2024.
- Les élèves du 2nd degré, en situation de handicap, présentent majoritairement des troubles intellectuels ou cognitifs, troubles du langage ou de la parole, troubles du psychisme. Source : Depp – RERS2025 – page 23
Le Sgen-CFDT réclame une véritable inclusion des élèves : une formation pour les personnels, des moyens humains supplémentaires, une reconnaissance…
Autres particularités des publics accueillis dans la voie professionnelle
- Peu de mixité sociale : Plus d’un élève sur deux dans les formations professionnelles en lycée (51,0 %) est enfant d’ouvriers, de retraités ou d’inactifs (34.7 % pour l’ensemble du 2nd degré). Source : DEPP – RERS2025 – Page 90
- Des élèves de plus en plus jeunes: En 2024, 81.6 % des élèves entrants en Bac Pro ont moins de 15 ans. En CAP, ils sont 60.4 % à avoir moins de 15 ans. Source : DEPP – RERS2025 – Page 96
- Un manque d’appétence pour les études (DEPP – RERS2025 – page 311) :
57 % des diplômés sortants de CAP poursuivent leurs études,
63 % des diplômés sortants de Bac Pro poursuivent leurs études,
52 % des diplômés sortants de BTS poursuivent leurs études - Des difficultés à s’insérer (DEPP – RERS2025 – page 311) :
30 % des titulaires d’un CAP, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
46 % des titulaires d’un Bac Pro, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
60 % des titulaires d’un BTS, arrêtant les études, sont en emploi 6 mois après la sortie
Les personnels de la voie pro s’interrogent
- Dès lors que les personnels exercent dans un environnement inclusif, comment reconnaître l’ensemble de leurs compétences et l’exercice exigeant de leur métier ?
- Dans certains territoires, les élèves sont majoritairement issus de l’éducation prioritaire, comment reconnaître cette particularité pour les personnels ?
- Quelles sont toutes les conditions pour exercer correctement ses missions et donner du sens à son travail ?
- Quels moyens sont nécessaires pour parvenir à faire correctement son travail ?
- Quels partenariats, quels dispositifs existants ou à créer pour offrir une réponse globale et durable ?
- Comment rendre plus attractif le métier de PLP ? Faut-il redéfinir de nouveaux attendus ?
Ce que demande la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques
- La redéfinition et la reconnaissance de l’ensemble des missions des PLP en phase avec la réalité des publics accueillis dans la voie professionnelle
- La prise en compte de la diversité des territoires pour l’attribution des moyens
- Un véritable plan de formation à l’inclusion
- Des moyens humains supplémentaires pour accompagner collectivement les élèves à besoins particuliers, qu’ils soient sociaux, cognitifs, psychomoteurs ou linguistiques
- La prise en compte des difficultés d’exercice, par une pondération de 1,1 des heures d’enseignement
- Une harmonisation vers le haut des primes de professeur principal
- Une dotation augmentée et un cadrage plus précis de la répartition des IMP pour reconnaître le travail invisible au bénéfice du collectif
- La participation des équipes au choix d’utilisation des moyens et des heures complémentaires
Inclusion et TVP publics accueillis dans la voie professionnelle
Pour parvenir à répondre aux besoins divers des élèves, l’inclusion « à marche forcée » ne suffit pas. Vouloir absolument qu’un élève de CAP aille jusqu’au Bac, voir au BTS, est illusoire. Les personnels de la voie professionnelle exercent dans un environnement inclusif sans moyens suffisants. Comment continuer encore à promettre l’égalité des chances dans de telles conditions ?
La TVP a bouleversé les pratiques. La réduction des heures d’enseignements pour coller au lycée GT, a augmenté les difficultés pour les publics accueillis dans la voie professionnelle. Les heures complémentaires, qui permettent des dédoublements, sont souvent mal réparties entre enseignement professionnel et enseignement général. Les bénéfices attendus en termes de conditions de travail et d’apprentissage sont amoindris. Les programmes et référentiels ne sont pas construits autour de l’inclusion.
Les remontées de terrain sont alarmantes : manque (ou absence) de formation à l’accueil des élèves à besoins particuliers, manque d’enseignant dédié, manque d’AESH, manque d’infirmière, manque d’assistante sociale, …
La voie professionnelle a toute sa place à jouer dans la formation d’élèves en difficultés. Mais concentrer toutes les difficultés dans les Lycées Professionnels, en sous estimant les besoins humains, en ne reconnaissant pas ce travail particulièrement difficile, ne permet pas d’œuvrer équitablement pour l’inclusion.
Ressources complémentaires