Biodiversité, quels enjeux ? Entretien avec Philippe Grandcolas

Tout ce que Philippe Grandcolas nous a expliqué au sujet de la biodiversité lors de notre entretien pour le numéro d'avril-mai-juin 2025 de Profession Éducation.

Tout d’abord, nous proposons de mieux faire connaissance avec le parcours de Philippe Grandcolas, écologue, directeur de recherche à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité à Paris et directeur adjoint scientifique national de l’écologie et de l’environnement au CNRS. Il s’occupe de questions d’interdisciplinarité, de médiation et de diplomatie environnementale (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques-IPBES, COP biodiversité). Il est l’auteur, notamment, de Tout comprendre (ou presque) sur la biodiversité (CNRS Éditions, 2023)

Puis, nous abordons successivement différentes thématiques, accessibles depuis ce sommaire ou en lisant l’article en entier.

Nous remercions à nouveau Philippe Grandcolas pour cet entretien très riche.

L’article, paru dans Profession Éducation n° 300 – Avril-mai-juin 2025, peut être lu en consultant ce numéro sur cette page.

Photo de Philippe Grandcolas

Sommaire

La biodiversité et nous

Dans la période difficile que nous traversons actuellement sur les questions écologiques, qu’est-ce qui peut motiver des professionnels de l’éducation, de la formation et de la recherche pour agir sur l’érosion de la biodiversité ?

Il y a plusieurs réponses à cette question. Il y a d’abord un intérêt personnel, évidemment, une prise de conscience de l’importance de la biodiversité à travers ses différentes valeurs. Il n’est pas possible d’avoir un seul discours sur la biodiversité. On peut en avoir trois. On peut prendre en compte un aspect éthique : dire qu’il y a une valeur intrinsèque à protéger le vivant dont on n’est pas propriétaire. C’est une motivation qui doit toujours rester présente dans les esprits, même si elle n’est pas forcément très argumentable auprès de certains acteurs, en particulier économiques.

Il y a aussi une valeur instrumentale à la biodiversité. C’est important de se rendre compte qu’on dépend de la diversité du vivant dans tous les aspects de notre vie. On a un intérêt très égoïste à essayer de la préserver. On se rend compte quelque part que notre confort, immédiat ou dans les années à venir, dépend de l’état de la biodiversité.

Et puis, il y a une valeur qu’on a appelée valeur d’option : même si aujourd’hui la biodiversité dont on a besoin ne se porte pas si mal pour continuer à vivre confortablement, il y a des aspects qui sont encore inconnus et dont on peut avoir besoin. C’est absurde même au plan instrumental de se priver d’une biodiversité qui pourrait nous être utile demain ou après-demain.

La difficulté est d’arriver à faire valoir tout cela dans un contexte de clivage sociétal ou politique parce que la défense de l’environnement est vue de plus en plus comme un acte politique. C’est très bien qu’elle soit vue comme une possibilité d’agir au plan politique ; cela peut être très utile et très noble.

Mais le danger, c’est que cela suscite des oppositions.

La plus grosse difficulté, pour un enseignant, pour un pédagogue, pour un acteur éducatif est d’arriver à se saisir de ces sujets d’une manière qui ne puisse pas être taxée d’activisme ou qui ne puisse pas être critiquée sur un plan sociétal, mais qui puisse être placée sur le plan de la raison, de l’éducation, de la liberté de choix et de l’éducation des personnes.

Faut-il faire le parallèle avec l’éducation au dérèglement climatique ?

Quand on parle de l’atténuation climatique, on utilise des mots qui sont un peu polysémiques : sobriété ou renoncement. Évidemment, il y a des personnes qui réagissent négativement parce que le mot sobriété a une connotation morale. Le mot renoncement a une connotation de perte. Alors qu’en réalité, ces concepts sont positifs. Cela veut dire simplement vivre sainement sans avoir des comportements extravagants, lesquels à relativement court terme deviennent dangereux pour nous-mêmes. Mais les mots ne sont pas forcément agréables.

Et puis le climat peut être très confortable, mais il peut être aussi effrayant car si on subit des aléas climatiques, on les sent directement dans sa chair, d’une manière immédiate. Une canicule, une inondation, c’est quelque chose de terriblement puissant et dont on sent l’inconvénient de manière immédiate. Donc cela peut, dans un certain sens, motiver : si on veut éviter ce genre de risque, il faut agir. Mais d’un autre côté, cela peut aussi provoquer du déni parce que c’est anxiogène.

Sur la biodiversité, il y a l’avantage finalement de l’empathie, de ce bien-être psychologique qu’on ressent…

Effectivement, les effets à court terme peuvent relever de la satisfaction de cette empathie. C’est moins rapide que de ressentir dans sa chair les effets d’une canicule ou d’une inondation, mais néanmoins cela peut être une motivation. L’empathie a un double visage, c’est un peu un Janus. Pour certains acteurs, très technocratiques, cela peut représenter un élément de confort un peu subjectif, un peu superficiel. Pour d’autres, au contraire, cela peut révéler un enjeu de bien-être psychologique dans les populations humaines, qui va de pair avec tous les autres avantages de la biodiversité.

C’est intéressant, parce que finalement les améliorations dans l’état de la biodiversité qui sont liées à des attitudes positives, à des politiques adéquates, peuvent être rapides. Certes, cela ne va pas demander nécessairement 20 ans, mais ce n’est pas du domaine de la perception immédiate. Et ça, je pense que c’est plus un problème qu’un avantage. Quand on agit, pour beaucoup de gens, on veut avoir une satisfaction immédiate. Dans le domaine de la biodiversité, l’immédiateté n’est pas totale. En revanche, on a immédiatement cette sensation de bien-être qui finalement aide à se mobiliser.

Comment approcher la biodiversité ?

Je pense que ce qui est important, c’est de créer une sorte de surprise.

On a des représentations culturelles de la diversité du vivant, des animaux charismatiques, des milieux exotiques extrêmement riches comme les bassins forestiers tropicaux, les récifs coralliens, etc. Donc, c’est émerveillant. Mais quelque part, ce qui est intéressant, je pense, c’est de montrer que c‘est un sujet qui n’est pas seulement charismatique ou exotique, c’est aussi un sujet de proximité, un sujet de tous les jours.

Et c’est intéressant de le montrer sous l’effet d’une surprise, c’est-à-dire de montrer qu’il y a des aspects de la biodiversité qu’on ne connaît pas et qui sont extrêmement proches de nous.

Cela peut être des aspects relativement modestes. Si on parle de pollinisation, par exemple, on peut observer de visu au printemps des pollinisateurs qui agissent sur des plantes et montrer, par exemple, la mécanique de certaines plantes. Je pense, par exemple, à un aspect assez banal. Quand il y a un bourdon ou une abeille qui rentre dans une fleur de sauge, il y a des étamines qui s’abaissent mécaniquement et qui viennent déposer le pollen sur la fourrure du bourdon.

Changer de regard sur la nature…

Montrer ce genre de mécanique, montrer qu’il y a des aspects fonctionnels dans la nature et dans la biodiversité qui sont extraordinairement efficaces, cela peut permettre de briser un peu le stéréotype qui laisserait à penser que la nature, c’est sauvage ; la nature, c’est dangereux ; la nature, c’est lointain et que notre maîtrise technologique, finalement, nous en a éloignés de manière très logique. Il y a des aspects dans la biodiversité qui sont très positifs, très fonctionnels, très pratiques, à commencer par tous les services écosystémiques, tous les aspects instrumentaux dont on a absolument besoin tous les jours.

Montrer aussi que la biodiversité est partout. Par exemple, mentionner le fait que dans une cuillère à café de sol, il y a un milliard de bactéries. Savoir qu’un humain, il pèse lui-même deux kilos de bactéries. Expliquer le fonctionnement d’un certain nombre d’organismes proches de nous, des organismes qui paraissent banals, un oiseau, un insecte, etc. Voilà, ça peut motiver, je pense, des personnes à travers la surprise. Cela va leur permettre de se reconnecter, de considérer la diversité du vivant avec un œil un peu différent.

La biodiversité est-elle plus accessible aux personnes vivant en zone rurale ?

Il y a un avantage à être dans un territoire avec une diversité de paysages. Il y a certes des centres urbains, mais il y a aussi une facilité à être familier avec la diversité du vivant. Cette familiarité a des aspects culturels, traditionnels ; il peut y avoir des espèces locales, des utilisations locales de la biodiversité, et auxquelles on peut faire référence.

Cette plus grande familiarité permet aux personnes de se connecter plus facilement à la biodiversité.

On peut apporter une explication scientifique à des modes de culture ou d’exploitation traditionnels de la biodiversité. Ces personnes n’ont pas le sentiment qu’on leur parle d’un ailleurs dont il faudrait tout apprendre. Il n’y a pas de déracinement. Ce n’est pas forcément suffisant, mais ça peut être un point de départ pour aller vers une nouvelle forme de relation plus apaisée ou plus positive pour toutes les parties, à la fois pour les humains et le reste de la biodiversité.

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La biodiversité à l’école et le rôle de la recherche

Que pensez-vous de la place de la biodiversité à l’école ?

L’école doit d’abord favoriser une certaine familiarité avec la biodiversité.

Il est vraiment important qu’il y ait un aspect pratique, qu’on ne reste pas uniquement sur des fondamentaux théoriques. Ce qui est important également, c’est que ces fondamentaux théoriques soient relativement simplifiés Dans les programmes d’enseignement, je pense que le danger c’est qu’on essaye d’enseigner trop de choses théoriques, même si elles peuvent être importantes à connaître. Très souvent, sur la diversité du vivant, on considère comme acquis des grands fondamentaux – la structure des organismes, leur mode de reproduction, l’évolution biologique, les grandes catégories d’organismes et leur importance dans le monde vivant. Ces fondamentaux ne s’expriment pas forcément de manière très claire à travers les programmes d’enseignement. Et quelquefois, je pense que pour les pédagogues, ça rajoute à la complexité du sujet.

On ne part pas de fondamentaux suffisamment clairs pour que toute la connaissance puisse ensuite être structurée par rapport à ce qu’il faut savoir sur la biodiversité.

Il y a à la fois un besoin d’expérience pratique, de contact avec ce que l’on enseigne. Et en même temps, la nécessité de parvenir à donner une vision relativement simple des grands fondamentaux sur la biodiversité.

Malheureusement, on est complètement tributaire des représentations culturelles qui existent dans nos sociétés et qui forgent les programmes d’enseignement et l’équilibre entre les différentes matières. On ne peut que regretter que l’enseignement des SVT soit devenu optionnel au lycée. Pour un certain nombre d’apprenants, il y a de moins en moins de temps qui est dévolu à des aspects qui sont relativement complexes. Et donc, ça complique la tâche du pédagogue. Il a un temps limité pour parler de choses importantes et complexes. Il y a une sorte de décalage maintenant, entre nos représentations culturelles, les programmes et puis, finalement, ce qui devient un enjeu de compréhension et de positionnement par rapport au monde qui nous entoure.

Comment les chercheurs peuvent-ils intervenir sur les enjeux de biodiversité ?

Des citoyens éduqués sont infiniment plus capables de faire des choix intéressants avec des collectivités, avec des décideurs, avec des gouvernements.

Il y a vraiment un enjeu de partage.

On peut discerner trois catégories dans la communauté scientifique. Il y a ceux qui ont envie de partager parce qu’ils ont compris ou sont naturellement sensibles à ce type d’activité. Il y a ceux qui ont creusé leur tunnel d’acquisition de connaissances, qui sont extraordinairement efficaces, mais qui sont moins tournés vers le partage. La pression de compétition a sur eux des effets négatifs. Et puis il y a ceux qui sont presque en rébellion, si je puis dire, ce que je comprends tout à fait, parce qu’ils constatent que les connaissances acquises durant les dernières décennies sont méprisées, sont négligées, voire même parfois niées, vilipendées.

Donc au lieu de se dire que puisque ce n’est pas suffisamment pris en compte, on va le partager encore plus, certaines personnes se sentent méprisées lorsqu’elles partagent leurs connaissances et vont donc se rebeller. Je pense que c’est très bien qu’il y ait une diversité d’actions tant que ça reste des actions évidemment non violentes et de finalités positives. Pour ma part, j’ai vraiment à cœur qu’il y ait plus de partages positifs de connaissance au sein de la société.

Limiter les risques populiste et complotiste

Quand on fait plus de partages, on doit logiquement constater un plus grand respect des connaissances, moins de discours complotistes ou trompeurs de la part d’un certain nombre de responsables. Et puis en même temps, on devrait avoir plus de décisions qui soient prises de manière cohérente avec les connaissances.

Quand il n’y a pas de partage ou quand le partage est le fait d’une relative minorité on va dire, ça peut amener à plus de complotisme, à plus de positions clivantes qui ne sont pas du tout en accord avec les connaissances. A court terme, ça peut favoriser certains acteurs qui ont l’avantage du rare, l’avantage de la parole disruptive. Mais à moyen terme, c’est toujours négatif, c’est à dire que ces acteurs-là ils sont quelque part disqualifiés. Dans les années qui suivent, ces propos sont soit oubliés, soit ridiculisés. On passe à autre chose. La question n’est pas qu’on installe une dictature scientifique évidemment. La question c’est de donner la liberté de la connaissance à tout un chacun.

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Les deux derniers rapports de l’Ipbes : Nexus et Changement transformateur

Pouvez-vous nous présenter les rapports que l’Ipbes a publié en décembre 2024 ?

Le rôle des plateformes gouvernementales

Les plateformes intergouvernementales sont extrêmement intéressantes parce que ce sont des expertises scientifiques dans lesquelles les États sont impliqués pour cadrer les sujets, au début, et puis après pour accepter le résumé qui est en est donné pour les décideurs. Donc impliquer les États, c’est important parce que ça les oblige à prendre en compte les résultats de ces évaluations. Si c’était un travail uniquement scientifique fait entre scientifiques, les États pourraient ne pas en tenir compte du tout. A contrario, il y a certaines personnes qui peuvent s’inquiéter du rôle des États dans le cadrage ou dans la publication des évaluations, qu’il s’agisse du GIEC ou de l’IPBES. Il faut noter que le contenu scientifique n’est pas modifiable par les États donc il reste entier.

Ces travaux permettent à la société de comprendre qu’il y a des éléments de connaissance qui sont parfaitement consensuels, avérés, acquis et qu’il n’est pas question de discuter au plan scientifique.

Dans ces évaluations, il est également fait la part de ce qui n’est pas encore bien établi et cela permet de montrer les recherches qui sont encore nécessaires pour trancher. Cela permet à la société de comprendre que la science est en mouvement mais qu’il y a aussi des parties sur lesquelles il n’y a pas de doute.

L’IPBES est arrivé plus de 10 ans après le GIEC et est donc moins connu. Mais c’est exactement le même processus. Comme il s’agit de biodiversité, c’est moins intégré dans nos représentations culturelles, alors on en parle un peu moins. Un de mes rôles c’est justement de dialoguer avec les médias de manière à ce que les évaluations de l’IPBES obtiennent davantage de visibilité.

Les deux dernières évaluations sont importantes.

Couverture du rapport de l'Ipbes "Nexus"Nexus : le rapport d’évaluation sur les liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé

Il y a tout d’abord l’évaluation Nexus qui regarde les relations entre biodiversité, santé, climat, alimentation et cycle de l’eau. On sort ainsi d’un tunnel biodiversité. Quand on parle de biodiversité ou de protection de la biodiversité pour beaucoup de gens, c’est synonyme de protection des espèces qui sont en train de disparaître, dont les effectifs se réduisent, mais sans qu’on voit très clairement le lien qu’il y a avec plein d’autres éléments de l’environnement, y compris ceux dont on est directement dépendants.

Cette grande évaluation a montré d’une manière très claire, en se basant sur des milliers d’articles scientifiques qui ont été revus pendant quatre ans par plus d’une centaine d’experts, que le cycle de l’eau est complètement dépendant de la biodiversité, que le climat également. Et évidemment on se nourrit de biodiversité et donc la question de la manière dont on obtient nos produits alimentaires est à la fois une question de biodiversité et elle impacte aussi la biodiversité qui n’est pas alimentaire. Il y a quelques éléments comme ça qu’on peut citer, de manière claire.

Climat et biodiversité

Aujourd’hui on sait qu’on émet trop de gaz à effet de serre et que ces gaz à effet de serre pour certains d’entre eux sont captés par la biodiversité. Donc l’état de la biodiversité agit directement sur la quantité de gaz à effet de serre qu’il y a dans l’environnement. Il y a plus d’un tiers des gaz à effet de serre comme le gaz carbonique qui sont captés par les puits de carbone biologique chaque année. Si ces puits de carbone se portent mal, évidemment, et qu’on ne cesse pas d’émettre en plus des gaz à effet de serre, la situation devient encore plus grave.

De la même manière, on sait que le cycle de l’eau est dans une grande partie relié à la biodiversité. Il y a plus de 60% de l’eau de pluie qui est stockée dans la végétation. Si on supprime cette végétation, évidemment, on a un cycle de l’eau qui va être fortement perturbé et ainsi de suite.

Le rapport Nexus a montré toutes ces interdépendances.

L’importance de la transition agricole

C’est particulièrement important, par exemple, pour mettre en place une transition agricole. A partir du moment où on produit beaucoup trop d’alimentation pour des élevages industriels, on a des actions négatives à la fois sur la biodiversité, mais aussi sur la santé humaine, sur le climat ou sur le cycle de l’eau. Typiquement, par exemple, on sait que la masse de volailles domestiques représente deux fois et demi la masse des oiseaux sauvages sur terre, ou que celle des bovins représente 15 fois la masse de tous les mammifères sauvages. Non seulement on émet des gaz à effet de serre, parce qu’on utilise des carburants fossiles pour gérer tout ça, pour transporter la nourriture, mais en plus on augmente la surface cultivée pour produire la nourriture pour ces animaux.

On surconsomme de la viande et donc on crée des problèmes de santé dans les populations humaines. Ces élevages et ces cultures ont, par ailleurs, besoin de beaucoup d’eau et donc on perturbe le cycle de l’eau en pompant trop dans les nappes ou en changeant la végétation à la surface du sol.

Cela montre que tout est lié et qu’on ne peut pas finalement traiter correctement des problèmes d’alimentation, de santé, de climat, sans traiter correctement des problèmes de biodiversité.

Couverture du rapport sur le changement transformateur de l'IpbesTransformative change : le rapport d’évaluation de l’IPBES sur les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, les déterminants des changements transformateurs et les options pour atteindre la vision 2050 pour la biodiversité

L’évaluation « Changement transformateur » est très complémentaire, parce qu’elle explique que si on veut finalement traiter ce Nexus correctement, on ne peut pas le faire en conservant les structures sociétales actuelles à l’identique. Il ne suffit pas simplement de réglementer, de dire qu’on va diminuer la quantité de viande produite, diminuer la disparition de la couverture végétale de manière réglementaire. Il faut que derrière il y ait des changements sociétaux qui permettent cette transformation.

Donc ça veut dire qu’il doit y avoir une transformation des systèmes de production, une transformation des structures sociales qui font que les besoins ne vont plus être les mêmes.

Et derrière ces changements transformateurs, il y a un certain nombre d’enjeux en matière de structure de décision, en matière de mode de comportement qui sont assez évidents, mais qui gagnent à être rappelés. C’est aussi une évaluation qui est intéressante en particulier, évidemment par rapport aux gouvernements et à leur mode de décision sur les questions d’environnement.

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Cop 16 biodiversité et stratégie nationale biodiversité

Les résultats de la COP 16 biodiversité vous ont-ils semblé encourageants après Cali et Rome ?

Les COP sont des réunions de gouvernement. Donc là on n’est plus du tout sur des plateformes scientifiques. Une COP c’est une convention des parties. Tous les États qui ont signé une convention internationale se réunissent pour voir s’ils respectent finalement la convention juridique qu’ils ont signé au départ. Pour la COP Biodiversité, on regarde si on suit ou non la convention sur la diversité biologique qui date quand même de près de 30 ans.

En 30 ans, en théorie, on devrait avoir atteint significativement les objectifs de la convention, c’est-à-dire conserver la biodiversité, la gérer durablement et partager les avantages des connaissances liées à la biodiversité.

Et en fait, on se rend compte qu’il y a eu des objectifs intermédiaires qui ont été signés lors de COP antérieures il y a déjà plus d’une dizaine d’années et ils n’ont jamais été atteints. En 2022, à Montréal, sous présidence chinoise, il y a eu un sursaut avec un cadre mondial pour la biodiversité. Il a été édicté avec des indicateurs, par exemple, qui devaient être un peu mieux formulés et pris en compte lors de la dernière COP, la COP 16.

la biodiversité, enjeu local, enjeu global

Il y a deux grands phénomènes. La biodiversité, pour beaucoup de gouvernements, est perçue comme un enjeu local. Donc, si on est un État européen et qu’on regarde par exemple un État comme le Brésil, qui a sa propre politique environnementale et sa gestion des milieux naturels, on va dire que cela relève de sa souveraineté et de la gestion de sa biodiversité au niveau local.

On n’a pas forcément envie de s’engager dans un processus financier, par exemple, qui conduirait à aider des États moins riches à protéger correctement leur biodiversité puisqu’on pense que c’est leur biodiversité. C’est une erreur énorme que la plupart des gouvernants commettent, tous les gouvernants, des pays du Sud, des pays du Nord, des pays riches, des pays pauvres.

Ils se disent qu’ils sont souverains sur leur territoire par rapport à la biodiversité parce que c’est une biodiversité locale. Alors qu’en réalité, le problème, c’est que les effets de cette biodiversité sont globaux.

On parlait des puits de carbone biologique. Si des grands massifs forestiers tropicaux disparaissent, c’est un problème, c’est un drame éthique, c’est un drame pour les pays qui gèrent cette biodiversité parce qu’ils perdent finalement un capital naturel, ils perdent un patrimoine, ils perdent des services écosystémiques. Mais c’est aussi un drame pour l’humanité tout entière parce que si un puits de carbone biologique énorme disparaît quelque part, ça veut dire simplement qu’on aura encore plus de gaz à effet de serre au niveau global.

Une molécule de gaz carbonique, peu importe où elle est émise, peu importe où elle est captée, on est dans un système global. Une molécule de gaz carbonique, en trois semaines, elle fait le tour de la Terre.

Trouver les financements pour la biodiversité

La question budgétaire, est évidemment une question cruciale parce que les États ont des trésoreries. Très souvent, ils ont des difficultés à imaginer de financer des actions sur la biodiversité dans un autre pays parce que pour eux, quelque part, c’est encourager les mauvaises gestions ou finalement financer des aspects qui ne les concernent pas directement alors qu’en réalité, encore une fois, les effets peuvent être globaux. Donc ça, c’est un premier problème.

Le deuxième problème, c’est un problème de mobilisation des fonds. On le voit, du point de vue d’un certain nombre d’État, le budget concédé aux questions de l’environnement a toujours tendance à être de plus en plus réduit et on a du mal à obtenir des engagements des États sur ces questions-là. Par exemple, la position de la France de ce point de vue-là est relativement ambiguë. Elle est relativement bien disante sur le plan du financement international d’un accord comme celui de la COP 16. Mais en même temps, elle encourage maintenant les parties privées à cofinancer les mesures qui sont prises.

Autant les États doivent s’appuyer sur les parties privées pour construire leur budget, autant il est discutable de penser que des accords internationaux sur des questions cruciales qui engagent la survie des citoyens doivent faire l’objet d’un partage de responsabilité au niveau international. Il y a vraiment un enjeu de souveraineté institutionnelle : les États doivent prendre en compte des aspects primordiaux de notre vie au niveau global.

On a donc eu un accord à la COP 16, malgré tout, alors qu’on pouvait craindre à la suite des discussions qu’il y avait eues à Cali en Colombie qu’on n’arriverait même pas à un accord financier, ce qui était absolument dramatique. Mais on voit quand même qu’il y a une difficulté à concevoir que l’environnement c’est une question globale. C’est toujours ce que des écologues ont appelé la tragédie des communs.

La tragédie des biens communs

Il y a un article qui a fait flores sur ce sujet dans les années 60-70 et qui expliquait que la gestion des biens communs est compliquée parce qu’ils n’appartiennent à personne et que finalement, chacun n’a pas trop envie de s’engager dans la gestion d’un bien dont il n’a pas la maîtrise. L’exemple originel, c’était des pâturages municipaux qui étaient mal traités par les usagers parce que ce n’était pas leurs pâturages. Le premier qui arrivait avait tendance à surpaturer et à en tirer un bénéfice par le bien-être de son troupeau puis, à laisser le pâturage dans un état dégradé pour les autres.

Le bien commun aujourd’hui, ce sont les puits de carbone biologique. C’est l’existence d’une biodiversité dont les fonctions ne sont même pas encore complètement connues. Le bien commun, ce sont les sols. Quand on est un propriétaire foncier, on utilise les sols mais on n’en est pas propriétaire du sous-sol. Le bien commun, c’est l’atmosphère.

On le voit aujourd’hui, ces biens communs sont complètement piratés, si je puis dire, ils sont mal utilisés et on a du mal à comprendre à quel point c’est une tragédie et à quel point le fait de ne pas s’engager dans une meilleure gestion est une sorte de cercle vicieux qui conduit à un vortex de mauvais comportements.

Comment analysez-vous la stratégie nationale biodiversité française ?

Stratégie nationale biodiversité 2030La stratégie nationale biodiversité est relativement riche.

C’est une stratégie assez complexe dans laquelle il y a beaucoup d’aspects positifs. Il y a beaucoup d’aspects pris en compte qui sont cohérents avec le cadre mondial pour la biodiversité avec un certain nombre d’indicateurs qui ont du sens.

Il y a plusieurs aspects qui sont problématiques, malgré tout, qui ne tiennent pas forcément à son contenu mais à la nature de ce que c’est qu’une stratégie nationale. Une stratégie nationale n’est pas contraignante. Elle repose sur des actions, sur un suivi, qui peut être fait de bonne foi. Mais au final, si le suivi révèle que cette stratégie n’est pas correctement appliquée, il n’y aura pas de rétroaction pour l’appliquer mieux. C’est tout le problème des stratégies nationales.

Le besoin d’une approche plus systémique

Il y a également le problème de la réflexion en silo. Aujourd’hui, par exemple, on a une stratégie nationale pour l’alimentation qui vient d’être publiée, après deux ans d’attente. Dans cette stratégie nationale pour l’alimentation, par exemple, il n’y a pas de critères chiffrés pour réduire la consommation de viande, alors qu’on sait que, par ailleurs, c’est un des facteurs de pression les plus importants en matière de biodiversité.

Il y a des stratégies nationales qui sont, dans une certaine mesure, contradictoires les unes avec les autres.

Dans les stratégies nationales, il y a des aspects qui sont déployés sur des bases juridiques qui peuvent être trompeuses. Par exemple, quand on parle d’aires protégées en France, on a une diversité au plan juridique d’aires différentes : on a des parcs nationaux, on a des parcs naturels régionaux, qui sont des syndicats mixtes, on a des zones Natura 2000, on a des aires protégées, etc. Et au final, quand on fait le compte de tout ça, si on les prend toutes au plan juridique comme des aires protégées, on va dans le sens du cadre mondial pour la biodiversité. Alors qu’on se rend compte que certaines de ces aires ne sont en réalité pas protégées correctement, c’est-à-dire qu’elles ne répondent pas dans leur design fonctionnel aux objectifs qui étaient menés dès le départ. Et ça, c’est un vrai problème.

Cela a été beaucoup dit pour les aires marines protégées dans lesquelles on peut faire aujourd’hui des modes de pêche qui sont très destructeurs. Mais c’est vrai aussi dans un certain nombre de structures. Un parc naturel régional, c’est un syndicat mixte qui engage des collectivités sur une bonne trajectoire, c’est très positif, c’est un excellent moyen de dialoguer avec des collectivités. Mais ce n’est pas une aire protégée au sens scientifique, écologique, du terme. Malheureusement, c’est comptabilisé dedans.

Malgré cette SNB, on n’est pas du tout dans la bonne direction par rapport à certains des grands enjeux de biodiversité au niveau national.

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Par où commencer dans notre vie privée ?

Dans la vie privée, par quoi commencer pour agir sur la biodiversité ?

Il y a des choses très simples.

Cela passe déjà par l’alimentation parce que l’alimentation, c’est un sujet de compromis et de co-bénéfice.

C’est donc vraiment un sujet intéressant. La production alimentaire, c’est une énorme pression sur la biodiversité. S’alimenter en circuit court local, c’est à la portée de n’importe qui, avec un peu d’effort, évidemment. Cela oblige à ne pas aller acheter son alimentation uniquement dans un rayon de supermarché. Même des personnes modestes peuvent le faire. C’est important parce qu’il y a une question d’équité sociale derrière la gestion de l’environnement.

On peut s’abonner à une association pour le maintien de l’agriculture paysanne et acheter à très peu de frais des produits bio de bonne qualité en favorisant une production locale par un artisan qui, en plus, a ainsi l’assurance d’être rémunéré, même s’il a des problèmes de production. C’est un modèle très vertueux. Il y a beaucoup d’autres possibilités. Je cite les AMAP, mais il y a aussi des épiceries équitables, par exemple. Ce sont des co-bénéfices immédiats en matière de plaisir parce qu’on redécouvre une production de qualité. La production agroécologique, et la réglementation bio en particulier, ça n’amène pas seulement à avoir moins de résidus de pesticides, etc. Cela amène aussi à un contenu nutritionnel supérieur, à une qualité organoleptique bien meilleure, etc.

Des effets bénéfiques dans de multiples domaines

On amène à favoriser des circuits de production avec des producteurs vertueux. On a tout de suite des effets positifs sur l’environnement, que ce soit sur l’eau, parce qu’évidemment là on n’est pas sur des cultures qui sont trop consommatrices d’eau stockée ou d’eau pompée, moins de pesticides, moins d’intrants ou d’engrais de synthèse dans les sols et puis moins de souffrance animale également.

On a vraiment des co-bénéfices en matière de santé, parce qu’on consomme des produits qui sont moins dangereux pour la santé, en matière de bien-être et en matière d’état de la biodiversité et de structure économique et sociale du pays.

Donc ça c’est vraiment un enjeu et ce n’est pas une privation, ce n’est pas un renoncement. Il n’y a pas de raison d’être sobre, particulièrement en consommant des fruits et légumes de saison au circuit court et bio. Manifestement aujourd’hui la transition agricole n’est pas réalisée. En France on a très peu d’autonomie en matière de vivrier. On produit des céréales pour l’exportation sur des marchés spéculatifs, des agrocarburants et de la nourriture animale.

Des choix réalisés dans le quotidien qui ont un impact sur la biodiversité

Les Français en moyenne mangent plus de 80 kg de viande par an, ce qui est délirant et d’autant plus qu’il y a des grosses disparités, donc il y a beaucoup de gens qui en mangent encore plus, donc ça amène en plus à des problèmes de santé, maladies cardiovasculaires et autres.

Il y a vraiment un enjeu de santé publique, de citoyenneté, de plaisir, de bien-être, qui est très important.

Et puis on sait aussi qu’il y a quand même beaucoup de Français qui possèdent des jardins, qui sont propriétaires ou utilisateurs d’espace. Ils végétalisent de manière très diverse ce jardin avec des espèces locales, s’ils n’ont pas un jardin artificiel avec des pelouses tondues sans arrêt. Si au contraire ils enrichissent cet espace, finalement ils vont, sur ce petit domaine foncier, augmenter la biodiversité, il y aura des oiseaux, des insectes, des plantes, etc. et ça va faire énormément de bien à la biodiversité.

On le voit aujourd’hui, il y a des effets. Il y a des programmes de sciences participatives qui montrent que finalement, paradoxalement, c’est souvent dans ces espaces naturels qui sont liés à des structures pavillonnaires que la biodiversité se porte le mieux.

Les apiculteurs le savent bien. Quand on veut produire du miel, c’est bien plus intéressant de mettre ses ruches dans un espace de ce type, que d’aller sur un plateau agricole et où il y a très peu de floraison. La structure pavillonnaire sur des surfaces trop étendues, ça engage aussi des problématiques d’aménagement, de transition énergétique. Mais par rapport à l’état de la biodiversité, c’est une structure qui peut être intéressante.

Tout ce que l’on peut faire en matière d’alimentation, de gestion de son petit environnement, si on multiplie ça par des millions de personnes, ça peut vraiment changer la donne. Mais évidemment, comme l’ont montré les deux derniers rapports de l’Ipbes, c’est beaucoup plus efficace si les collectivités et l’État font leur part.

J’en veux pour preuve, par exemple, le plan alimentation durable de la ville de Paris qui, de ce point de vue-là, essaye d’aligner l’agence de l’eau, les PME d’agriculteurs en agroécologie et puis la restauration municipale. Il y a aussi d’autres municipalités qui font ça, et c’est vraiment quelque chose qui est important et qui malheureusement a été combattu par un syndicat agricole.

On voit bien que là, il y a un changement transformateur à mettre en place, dans lequel chacun peut prendre sa part. C’est très agréable.

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Parcours de Philippe Grandcolas : ses motivations et ses études

Quel a été votre parcours d’études ?

J’ai été à l’université parce que je m’intéressais à la biologie des insectes quand j’étais adolescent et je voulais comprendre les insectes. Donc je me suis inscrit à la faculté des sciences de l’université de Besançon dans les années 80, au tout début des années 80. J’étais bénéficiaire d’un enseignement en sciences naturelles qui permet d’avoir un ensemble de connaissances sur la diversité du vivant, l’écologie, la biochimie, les sciences géologiques, etc.

Malheureusement, à l’époque, l’université de Besançon n’avait pas de programmes de licence (L3 aujourd’hui) ou de maîtrise (master 1 aujourd’hui). Pour des raisons familiales, je me suis retrouvé à faire une licence et une maîtrise à l’université Paris 11, à Orsay, puis un DEA (master 2) d’écologie qui était cohabilité par plusieurs universités et une thèse d’écologie à l’université de Rennes.

Cela m’a permis de voir beaucoup d’enseignants différents entre Besançon, Orsay et Rennes, et d’en constater la diversité.

J’ai aussi fait un passage aussi par le Muséum national d’histoire naturelle, cela m’a permis de voir la diversité des thématiques, à un moment où les questions de biodiversité étaient très marginales.

La transformation du monde de la recherche

Quand j’ai été recruté au CNRS, je l’ai été dans un grand ensemble qui s’appelait les sciences du vivant et dans lequel la biologie de laboratoire, la biologie moléculaire, la biologie médicale étaient prépondérantes. Il y a eu une sorte de révolution thématique qui a fait que les sciences de l’environnement sont revenues en force quelques années après. Et aujourd’hui, on a un des dix instituts du CNRS qui est un institut écologie-environnement dans lequel il y a une centaine de structures et qui rassemble à peu près, toutes catégories comprises, 7000 personnels. Donc ils font vraiment des recherches sur l’écologie, l’environnement. Le paysage scientifique a pas mal changé, et s’est restructuré assez fortement. L’important aujourd’hui, c’est que cette communauté de scientifiques en écologie, en environnement, puisse donner les connaissances pour l’action au sein de la société.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur ce sujet ?

J’étais très intrigué par le comportement des insectes, parce que je percevais qu’ils avaient des rôles écologiques extraordinaires et je voyais leur diversité en même temps qui était phénoménale. J’habitais en Franche-Conté, dans un paysage qui était quand même très naturel avec beaucoup de forêt, de pâtures, etc. Je voyais cette diversité et moi, elle me fascinait. Je percevais qu’il y avait derrière, des aspects d’évolution, des aspects de comportement, des aspects fonctionnels qui étaient extraordinaires et donc ça m’a amené à des problématiques d’éthologie, d’études du comportement, des problématiques d’écologie et puis des problématiques d’évolution, parce que quand on voit cette diversité évidemment on se pose la question d’où elle vient.

On se demande pourquoi il y a autant de formes de vie différentes.

J‘ai travaillé également dans les Alpes sur des communautés d’insectes qui vivent dans les prairies alpines. Au cours de ma thèse on m’a proposé d’adopter ce programme de recherche sur des peuplements tropicaux forestiers. C’était un énorme enjeu parce qu’évidemment, il n’y a rien de commun entre des des pâtures ou des prairies alpines et puis une forêt amazonienne. Il faut apprivoiser un milieu dont on n’est absolument pas familier, parce qu’on y est pas né, on n’y vit pas, donc on le découvre.

Une forêt tropicale c’est un milieu d’une richesse faramineuse mais qui est pas forcément accessible de la même manière. Il y a beaucoup d’organismes qui sont nocturnes, il y a beaucoup d’organismes qui vivent de manière très discrète dans des niches écologiques très particulières donc ça suppose aussi une espèce d’apprivoisement de ce milieu par l’observateur. Mais derrière il y a des problématiques aussi d’évolution qui deviennent encore plus perceptibles.

Une communauté internationale

Il y a aussi l’expérience dans les travaux sur le terrain à l’étranger, des politiques publiques dans différents pays et puis du dialogue avec les homologues scientifiques dans ces différents pays. Ça c’est important, ça m’a permis notamment de comprendre les problèmes de l’environnement au niveau global.

Quand les premières évaluations de l’IPBES sont sorties, ça correspondait quelque part à la sensation et l’observation empirique que j’en avais par les travaux que j’avais conduits par exemple en Amazonie, en Afrique centrale ou en forêt atlantique au Brésil.

J’ai eu conscience de ça à la fois par l’apprentissage empirique au quotidien et puis par les évaluations basées sur la littérature scientifique. C’était quelque chose de particulièrement révélateur…

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