Mesures annoncées par la ministre de l’Éducation : Le choc continue

Malgré la rencontre avec les Organisations Syndicales en amont de la communication médiatique, le monologue continue.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques réagit aux mesures annoncées par la Ministre de l’Éducation, qui a réuni le premier Groupe National des Personnels de Direction (GNPD) de sa mandature le vendredi 8 novembre dernier.

Elle s’est engagée à rencontrer les organisations syndicales avant de communiquer avec les médias pour les annonces.

C’est bien la seule nouveauté et nous espérons que cela restera vrai à l’avenir.

Pour autant les annonces étaient encore imprécises vendredi. Il a fallu attendre le mardi matin pour constater que le monologue social continue.

Plus préoccupant, le ministère de l’Éducation Nationale qui devrait parler d’une seule voix a deux ministres dont les communications ont pu paraitre dissonante.

Outre le fait qu’un certain nombres d’annonces étaient déjà dans les tuyaux de la mandature précédente, un grand nombre de mesures ne coutent rien mais continueront d’altérer durablement le travail des personnels et celui des élèves.

Mesures annoncées pour le collège

Première annonce qui se fait à bas bruit c’est l’enterrement du socle et de la maîtrise des compétences au profit des programmes. Le Ministère tranche vers le maintien d’un système sélectif et élitiste qui fait peu de cas de l’équité sociale et des apports de la recherche.

Le DNB devient un couperet contrairement  à ce qu’affirmait Mme Genetet dans ses échanges avec la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.

  • Confirmation de la suppression des correctifs académiques
  • Renforcement du contrôle terminal à 60%
  • Prise en compte de la seule moyenne des notes de 3ème et non les compétences du cycle 4.

Il n’est plus question de cycle et d’évaluation de la maîtrise des compétences du socle. On renoue avec la méthode de faire disparaître, sans l’évaluer, un projet porté par des milliers d’enseignants.

Pour confirmer ainsi le maintien d’un système éducatif laissant la priorité à la compétition scolaire, le DNB devient obligatoire pour l’entrée en seconde en 2027. Outre que cette mesure ne verra probablement pas le jour en raison du coût humain, elle envoie le signal d’un collège qui prépare au lycée général et technologique et oriente, souvent par défaut, vers la voie professionnelle.

Le tri social dont souffre notre système éducatif sera amplifié par cette mesure. La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’y opposera fortement.

La ministre Mme Genetet a par ailleurs confirmé la labellisation des manuels, refusée par l’ensemble des membres du Conseil Supérieur de l’Education, et la mise en réécriture de l’ensemble des programmes. Le choc annoncé continue et son ampleur est majeure.

Mesures annoncées pour le lycée

Deux mesures concernent le lycée.

L’introduction d’une épreuve anticipée de mathématiques en fin de première est annoncée. Alors que la discipline est déjà un outil de sélection qui en fait un repoussoir pour beaucoup d’élèves, cette décision va renforcer cet aspect. Sans compter que cette mesure aura très probablement un effet majeur sur la poursuite  de la spécialité « Mathématiques ».
L’idée serait d’élever le niveau des élèves par le seul prisme de matières « fondamentales » que seraient les mathématiques et le français.

C’est oublier que les élèves apprennent et progressent grâce à toutes les disciplines et à un climat scolaire qui y contribue.

L’obligation d’avoir le DNB pour entrer au Lycée va avoir des répercussions importantes sur l’organisation générale du collège et du lycée. L’obsession de l’examen et de sa réussite seront renforcées alors que les acteurs de la santé mentale nous alertent sur les effets délétères pour notre jeunesse.
C’est environ 100000 élèves échouant au DNB qui se verraient refuser l’entrée au lycée.

L’orientation par l’échec vers des voies professionnelles peu soutenues est un projet politique que la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques ne pourra pas soutenir.

La CFDT dans l’action

Pour la CFDT, les mesures annoncées vont à l’encontre de la modernisation pourtant indispensable du système éducatif.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a déposé un recours devant le conseil d’état contre l’arrêté du choc des savoirs qui est toujours en cours d’instruction. Nous refusons que l’autonomie de nos métiers et donc des établissements que nous dirigeons soit altérée et limitée par une vision rétrograde et simpliste.

Enfin nous appelons à la mobilisation le 5 décembre prochain contre les attaques de la fonction publique opérée également dans l’éducation. https://uffa.cfdt.fr/portail/uffa/outils/nos-tracts/agents-publics-nous-ne-sommes-pas-les-boucs-emissaires-de-la-dette-srv2_1411792