Projet de réseau CNOUS-CROUS 2024-2027 : l’avis de la CFDT

Le projet de réseau 2024-2027 a fait l'objet d'un groupe de travail avec les représentants du personnel élu(e)s au CSA Commun du CNOUS.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques était présente pour l’élaboration de ce projet de réseau CNOUS-CROUS et a été force de propositions.

Le réseau des œuvres a listé les objectifs principaux des prochaines années et en a débattu avec l’ensemble de ses partenaires habituels avant de les soumettre aux ministères de tutelle.

Ce projet devra être soumis à l’avis du CA du CNOUS en octobre. La CFDT participera activement aux débats.

Première information importante

La transition écologique sera déclinée de manière systématique sur chacun des axes du projet de réseau et soutenue par une action de mécénat dédiée. Pour le CNOUS, le réseau aura besoin d’un fond de dotation dédié à cette transition écologique qui ira chercher des recettes des entreprises privées. Comme le mentionne la Présidente du CNOUS, le réseau est un acteur de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). À ce titre, il pourrait, comme pour d’autres organisations de restauration collective, accepter des aides financières des entreprises privées afin de pouvoir mettre en place des projets. Cela permettrait de réduire davantage nos propres émissions. Un comité de déontologie sera créé afin de connaître la provenance de ces fonds privés. Pour la présidente, il y a un enjeu de probité et de réputation pour notre établissement.

Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, c’est le projet du réseau et donc celui de l’État avant tout ! Nous devons nous assurer d’un minimum d’équilibre financier au sein même des établissements avant de savoir si les entreprises privées peuvent nous aider. Aussi, le réseau doit garder sa totale autonomie financière devant les éventuelles contributions des entreprises privées.

Le projet de réseau doit avant tout garantir la capacité de l’État à accompagner les CROUS dans le domaine de la transition écologique dans chacun de nos axes.

Voici la liste des axes retenus pour le projet de réseau :

  1. Ressourcer la communauté professionnelle du réseau
  2. Élargir le cercle des bénéficiaires des Crous
  3. Promouvoir la qualité de vie et la réussite en résidence universitaire
  4. Renforcer la capacité à agir du réseau par des moyens mieux partagés et mieux pilotés
  5. Participer à une gouvernance partagée des bassins de vie étudiante
  6. Renforcer la fierté collective d’agir
  7. Penser, se questionner, se réinventer

Pour toutes les organisations syndicales présentes, la vigilance sur une possible intervention de fonds privés dans le réseau doit être de mise. Cela soulève par exemple la question du désengagement de l’État pour la mission de la vie étudiante.

Pour la CFDT, une évolution positive des conditions de travail est nécessaire. Ce projet de réseau doit permettre un changement de cap et des mesures qui prennent en compte la souffrance au travail des personnels du réseau et leurs conséquences.

L’axe 1 : Ressourcer la communauté professionnelle du réseau concerne davantage les représentants du personnel et les 12000 personnels du réseau. La Présidente nous explique que « Ressourcer c’est recruter, c’est se former, c’est bien vivre, trouver un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle ; c’est avoir des perspectives de mobilité, c’est avoir une bonne rémunération, une bonne gratification. C’est avoir un bon contrat social ».

« Sur le fond, il y a bien évidemment les questions salariales de convergence et de rattrapage, avec les sujets d’hétérogénéité, d’inéquité, de tiraillement entre les statuts provoquant des impacts salariaux à l’échelle des établissements, mais aussi à l’échelle du réseau entre CROUS. La proposition du CNOUS dans ce projet est de construire un agenda social sur ces questions en identifiant nos priorités pour mieux faire connaître les besoins ».

« De la même manière, nous avons le sujet de l’attractivité de nos métiers et la question de l’action sociale au sein du réseau ». La présidente a bien compris que ce dernier point était très important pour les collègues et qu’il était nécessaire de le porter devant le ministère.

La QVCT fait l’objet en ce moment même d’un audit. Les résultats seront bientôt connus, ce qui permettra d’objectiver des problématiques à travers un diagnostic.

Enfin, un dernier sujet qui concerne les parcours professionnels avec la question des fins de carrière et des départs en retraite. C’est la question des transitions professionnelles, l’accueil des nouveaux, la formation, la culture du management avec le rapport à l’autorité.

Pour la CFDT, qui dit projet dit ambition, et qui dit ambition dit plus de travail et plus de responsabilité pour le réseau

Ainsi donc, l’attente de nos collègues aujourd’hui, c’est de savoir si nous avons les moyens de progresser et de faire face aux ambitions proposées.  Nous pensons que ce projet doit s’appuyer sur la réalité du travail des agents et des agentes, sur la réalité des activités de la restauration, de l’hébergement, de l’accompagnement social et financier pour les étudiants et des services centraux.

Exemple de l’hébergement : sur 5 ans, le réseau a augmenté sa capacité d’accueil de 9700 places (Rapport d’activité 2023).

Exemple de la restauration : en 13 ans le réseau a ouvert 321 points de vente. Nous étions à 640 points de vente en 2012 et nous sommes à 961 points de vente en 2023. Avec 40,3 millions de repas sociaux de servis en 2023. + 5 millions entre 2022 et 2023.

Exemple de l’accompagnement social et financier : des dossiers de demande de bourses très soutenus sur ces 5 dernières années avec en moyenne 1 058 086 dossiers.

Exemple des services centraux : un turnover important qui se traduit concrètement par beaucoup de départs volontaires ou non suivis par beaucoup d’embauches.

La question des moyens et du modèle économique

Pour la CFDT en termes de moyens, le réseau a fait face à cette évolution à moyens constants puisque nous étions à 12724 ETP sur toute la période citée plus haut. Et donc la première question qu’on pourrait se poser, c’est de savoir si on est capable de continuer à ce rythme-là, avec toujours plus d’activité et à moyens constants ? Ou alors, on inscrit dans ce nouveau projet de réseau, « noir sur blanc », que les prochaines évolutions dépendront des nouveaux moyens qui seront accordés par l’État ! À moins d’utiliser la loi LEVI au maximum en faisant déplacer nos nouveaux étudiants dans des restaurants conventionnés. En tout état de cause, les établissements d’enseignement supérieur ne pourront plus nous dire du jour au lendemain : « nous allons construire un campus sur tel ou telle zone et le CROUS viendra par la suite. »

Pour la CFDT, il faut mentionner dans ce projet de réseau, qu’à chaque fois qu’il y aura un projet, on devra trouver les moyens humains et financiers.

Pour la CFDT, le modèle économique des CROUS doit être discuté ! C’est un modèle qui repose sur un équilibre entre la restauration et l’hébergement. Et comme la restauration est par définition déficitaire, elle fragilise considérablement le modèle économique (argument repris dans le dernier rapport de l’IGERS). Alors, deux solutions s’offrent à nous si nous voulons garder ce modèle :

  • soit nous augmentons les tarifs (RU et Hébergement), inenvisageable compte tenu du contexte social,
  • soit l’État s’engage véritablement à nous financer notre restauration qui aujourd’hui vivote en mettant en difficulté nos conditions de travail.

La CFDT se réjouit de la prise en compte des rémunérations de tous les statuts dans ce projet. Au lieu d’avoir un même statut pour tout le monde, nous avons plusieurs statuts avec plusieurs rémunérations pour la même mission et le même travail au sein du réseau. Et ce clivage s’est accentué depuis 2019 avec la loi de transformation de la fonction publique. Ce projet de réseau doit montrer un déroulement de carrière identique pour tous les statuts.

La CFDT demande de gommer une injustice, réévaluer la rémunération des PO afin de tenir compte de l’ancienneté qu’ils ont perdu pendant au moins 15 ans en étant payés au SMIC. Un reclassement indiciaire sera nécessaire pour les PO les plus anciens avant d’entamer une convergence et un rattrapage. Tous pareils, oui, mais à ancienneté égale.