Audience du Collectif national RASED au Ministère

Le RASED est composé d’enseignants spécialisés  chargés de l’aide à dominante pédagogique (ESADP), d’enseignants spécialisés chargés de l’aide à dominante rééducative (ESADR) et de psychologues de l’Éducation nationale (PsyEN).

RASED : un rôle indispensable mais des moyens humains insuffisants

Le Collectif national RASED – composé d’organisations professionnelles, de mouvements pédagogiques, d’organisations syndicales et d’une fédération de parents d’élèves-  rappelle au début de l’audience que les postes RASED ont été décimés en 2008. On observe aujourd’hui un saupoudrage sur le territoire qui entraîne des manques, des disparités, des secteurs avec des effectifs d’enfants importants. Or, dans la circulaire relative au fonctionnement des RASED (Circulaire n° 2014-107 du 18-8-2014), il est noté que “leur périmètre d’intervention est déterminé de telle façon qu’il évite une dispersion préjudiciable à l’efficacité de leur action”.

La Circulaire n°2013-142 du 15-10-2013 prône le renforcement de la coopération entre les parents et l’école dans les territoires. Le RASED contribue à cette coopération et permet ce lien entre l’école et les parents. Le dernier Forum des RASED s’intitulait : RASED / parents d’élèves, quels liens ?

Le Collectif RASED  rappelle l’importance du travail de proximité des personnels enseignants spécialisés et psychologues de l’Éducation nationale avec les enfants et les enseignants.

Et les personnels  disposent de compétences pour apporter une expertise lors des équipes éducatives.

Il est important que le RASED assure une fonction de tiers et permette d’avoir un espace d’écoute et de parole. Il permet ainsi d’assurer une analyse et une prise de distance par rapport aux événements.

Mais comment mener à bien ces projets et missions quand les territoires à couvrir sont de plus en plus grands avec des effectifs de personnel RASED insuffisants et en diminution?

A ces constats, Madame Maurin-Dulac a apporté les éléments de réponse suivants :

La parentalité et le travail conjoint avec les familles sont au cœur des préoccupations du Ministère. Par exemple, les actes violents qui apparaissent notamment via les faits établissements sont un sujet de réflexion. Il y a aussi l’impact du numérique. Il faut pouvoir mieux travailler avec les familles. Madame Maurin-Dulac évoque la coéducation, les ateliers-famille, la marguerite du climat scolaire, mais concède que c’est compliqué sur le terrain. Les enseignants spécialisés ont un lien spécial avec les familles : ils ne sont pas dans la réponse immédiate avec les familles, ils ont un rôle de filtre. C’est une interface importante.

Elle renvoie la responsabilité du manque de moyens pour pallier les postes vacants aux IA-DASEN. Selon elle, c’est à eux qu’il revient d’assurer ce rôle et de faire des choix. Elle rappelle que les moyens attribués aux RASED dépendent uniquement des DASEN et que, pour l’heure, ces derniers mettent la priorité sur la mise en place des Pôles Appui à la Scolarisation (PAS) ce qui se traduit en postes créés. Aujourd’hui, les moyens pour accompagner les élèves sont plutôt en augmentation (cf. Pôles appui à la scolarisation). Les moyens globaux ne sont pas en diminution pour l’école inclusive. Mais cela ne s’est pas porté sur les enseignants spécialisés à dominante pédagogique (ESADP) et les enseignants spécialisés à dominante relationnelle (ESADR). Il y a des moyens fléchés pour les PAS. Les RASED ne sont pas détruits et les Pôles appui à la scolarisation ne remplacent pas les RASED.

Madame Maurin-Dulac  constate la solitude et le besoin d’accompagnement des enseignants.

Le CAPPEI

Le Collectif nationale RASED rappelle que le taux d’échec au CAPPEI peut être très important selon les départements. Les postes vacants, faute d’enseignants formés, sont fermés privant les élèves en grande difficulté d’une aide à l’école. Des formations sont annulées dans certains départements.

Madame Maurin-Dulac répond que ce sont les académies qui sont compétentes pour le CAPPEI, pas les départements. Il y a des problèmes selon les territoires, en termes de déplacement, de logement … Il y a eu 400 enseignants en formation CAPPEI l’an passé. Actuellement, il y a environ 46000 enseignants spécialisés. La conseillère indique qu’il y a effectivement eu une baisse du nombre d’heures de formation lors de la mise en place du CAPPEI. Il y a aussi la possibilité d’accès aux Modules d’initiative nationale (MIN) dans le cadre de la formation continue, même si cela reste complexe. Elle propose  d’envoyer un message aux recteurs pour donner une impulsion par rapport aux départs en formation.

Madame Maurin-Dulac  ajoute que l’accent est mis sur la formation initiale des enseignants envers les élèves à besoins éducatifs particuliers (priorité de la Ministre).

Le Collectif RASED aborde aussi la question de certains IA-DASEN qui refusent les absences pour les congrès FNAREN, FNAME, AFPEN.  Il indique que les stages MIN concernent avant tout les nouveaux CAPPEI et, dans les faits, cela limite les places pour les autres personnels spécialisés qui se voient dans l’incapacité d’accéder à ces temps de formation.

 

Les Pôles d’appui à la scolarisation (PAS) et les RASED

Madame Maurin-Dulac apporte des informations relatifs aux PAS et aux  enfants avec des difficultés relationnelles ou d’apprentissage (enfant à besoins éducatifs particuliers=EBEP).  Elle indique que le livret parcours inclusif (LPI) permet de trouver les moyens, les adaptations pour les faire réussir. On ne mélange pas handicap et EBEP.

La conseillère ajoute que le PAS n’est pas pour les élèves reconnus en situation de handicap mais plutôt avant que l’on saisisse la MDPH. Quand il y a une difficulté, on se tourne souvent vers une solution de compensation (AESH), alors qu’il pourrait y avoir d’autres réponses. La réponse peut être trouvée en interne dans l’école ou en externe (orthophoniste…). On pourrait se tourner vers le RASED mais faute de ressources disponibles, ce n’est pas toujours possible. Le PAS a pour rôle de trouver une réponse assez rapidement, en moyenne sous 15 jours, et d’accompagner l’enseignant.

Madame Maurin-Dulac rappelle que quatre nouveaux départements seront concernés par le PAS en 2025/26 : la Réunion, la Meuse, l’Alsace (pas en entier) et le Vaucluse. Pour 2025/26, il y aurait environ 460/470 PAS. En 2027, il y en aura 3 000 sur tout le territoire. Les PIAL vont disparaître.

A propos de la place du RASED :

• après évaluation par le PAS, on peut adresser un élève éprouvant des difficultés au RASED (s’il n’est pas déjà identifié par le RASED)
• si le RASED intervient déjà, il n’y a pas lieu de faire une demande au PAS. Le PAS intervient quand cela ne peut être résolu par le RASED.

Au regard de leurs compétences, les enseignants spécialisés sont aptes à coordonner un PAS (si ça les intéresse). Il n’y a pas de concurrence entre les RASED et les PAS. Le RASED est dans le PAS.

Le Collectif RASED alerte sur la mise en place et l’organisation de ce nouveau dispositif. A quel dispositif les enseignants doivent-ils s’adresser ? Au PAS ou/et au RASED ? Cela pose la question du mille-feuille des dispositifs.. Comment peut s’organiser le temps de liaison, de réunion entre les acteurs du PAS et ceux du RASED ? Il ne faudrait pas oublier ou minorer la place des RASED dans le cadre de la prévention, notamment en maternelle. Ce n’est pas une mission assurée par le PAS. En outre, le secteur médico-social est exsangue. Dès lors, comment assurer la présence dans le PAS d’un personnel médico-social ?

La souffrance des enseignants et des enfants

Le Collectif RASED indique que les enseignants sont souvent seuls. Il y a une augmentation des fiches SST.

L’enseignant n’a pas toujours le temps et la formation pour écouter l’enfant en souffrance Le PAS (ou les personnels référents, les équipes mobiles) n’est pas là pour écouter l’enfant. Il est donc important que le RASED, et notamment le psychologue EN, puisse entendre la parole de l’enfant, et aussi de l’enseignant.

Madame Maurin-Dulac est en accord avec ces constats. Il y a l’enfant et l’élève.

 

Lire le compte-rendu d’audience du Collectif national RASED au Ministère du 24 avril 2025 dans son intégralité