La CFDT Education Formation Recherche Publiques a été reçue en audience par madame Brigitte Lacoste, Conseillère orientation, Politiques pédagogiques et éducatives de la Ministre. Nous avons ainsi pu relayer les problématiques et revendications des psychologues de l’Éducation nationale (PsyEN).
La concertation nationale sur l’orientation
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a évoqué la concertation nationale « Vers une orientation réussie » qui s’est effectuée fin 2024-début 2025.
Les modalités de consultation ont été très diverses suivant les territoires. Dans certaines académies les organisations syndicales n’ont pas été invitées, dans d’autres les directrices et directeurs de CIO non plus.
Quelle suite va donc pouvoir être donnée à cette concertation ?
La CFDT alerte sur les conséquences que pourrait avoir une consultation partielle des acteurs de l’orientation voire une consultation par la seule voie d’un simple questionnaire et sans déboucher sur un réel dialogue social pour cette profession.
Nous précisons que l’impact de ces discussions pour les PsyEN est d’importance et qu’il ne faut pas négliger ce que de « mauvaises » conditions d’exercice de la valence EDCO peut engendrer en terme de trajectoire d’élèves.
La place des CIO
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques rappelle avec force l’intérêt des Centre d’Information et d’Orientation. Il s’agit d’une richesse car :
- Un service public d’accueil gratuit
- Une ouverture durant une partie des congés d’été
- Un travail avec les décrocheurs
- Un travail avec les usagers d’origine étrangère
- Une collaboration dans le cadre du SPRO (Service Public Régional de l’Orientation)
La recherche d’efficacité, d’efficience et de réduction des coûts de la part de l’État ou des collectivités territoriales ne doit pas amener à la fermeture de CIO ou à la réduction de leurs dotations. En effet, la proximité du CIO avec le lieu de résidence des usagers est important, notamment dans les territoires ruraux.
Madame Lacoste s’est voulue rassurante et nous a indiqué qu’il n’était pas envisagé de supprimer cette entité.
Le concours de recrutement : manque d’attractivité
Le constat du manque d’attractivité du métier est partagé. Les chiffres au concours de recrutement le montrent : depuis 2022, il n’y a pas suffisamment de candidats au concours externe de recrutement des psyEN (notamment dans la spécialité EDA).
La CFDT identifie trois causes
1. La rémunération
La question de la revalorisation des psyEN est prépondérante pour rendre le métier plus attractif.
La CFDT revendique une meilleure trajectoire de rémunération pour la profession.
Le doublement de l’ISAE et de l’ISOE obtenue par notre organisation doit par ailleurs se poursuivre par son triplement.
2. La mobilité
La mobilité liée au statut est perçue négativement par des psychologues qui, de plus en plus, ne souhaitent pas être trop éloignés de leur lieu de résidence.
* Formation :
Dans la plupart des centres de formation, il est quasi-impossible pour les stagiaires d’effectuer leur stage pratique dans l’académie de leur choix, ce qui dissuade d’éventuels candidats de passer le concours de recrutement des PsyEN ou d’aller en formation après obtention du concours (et donc abandon du bénéfice du concours).
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques revendique que les psyEN stagiaires puissent effectuer leur stage dans les académies limitrophes à celles des centres de formation.
Madame Lacoste a pris note de cette revendication.
Par ailleurs, la CFDT a informé Mme Lacoste de la situation des stagiaires de Nancy-Metz qui voient leur mobilité décalée d’une année faute d’avoir pu commencer leur formation au 1er septembre. Un courrier a été adressé au DGRH.
La CFDT revendique que les PsyEN stagiaires qui sont évalués positivement avant la fin de l’année scolaire terminent leur stage dans l’académie obtenue au mouvement interacadémique, sur le poste obtenu au mouvement intra-académique et soient titularisés au cours de l’année comme les personnels d’enseignement et d’éducation.
* Mouvement inter-académique :
Le mouvement inter-académique constitue un frein et dissuade les psychologues de passer le concours de recrutement de PsyEN. Il y a également des démissions après l’année de formation.
Madame Lacoste précise que ce frein est connu du Ministère. La CFDT demande l’ouverture de groupe de travail sur ce point.
3. Les conditions de travail
* Surcharge de travail et épuisement professionnel :
Depuis la création du corps des psychologues de l’Éducation nationale en 2017, les conditions de travail des PsyEN se sont sensiblement dégradées. La charge de travail augmente d’année en année du fait de l’accroissement du nombre d’élèves à besoins éducatifs particuliers et notamment des élèves en situation de handicap, et du nombre d’enfants en situation de souffrance psychique. Mais les effectifs des PsyEN n’augmentent pas, bien au contraire. De nombreux postes sont non pourvus à l’heure actuelle.
Rappelons qu’en France, la moyenne est d’un PsyEN EDA dans le 1er degré pour 1500 enfants (chiffres 2018/2019 dans un rapport de 2020 de la Cour des Comptes sur les médecins et les personnels de santé scolaire) alors qu’en Europe ce chiffre est de 800.
Ceci entraîne un mal-être généralisé, un épuisement professionnel et une perte de sens du travail de psychologue, aussi bien chez les titulaires que chez les contractuel.les (ce qui pousse bien souvent ces derniers/ères à démissionner).
La DEPP (Direction de l’Évaluation, de la prospective et de la performance) publie régulièrement les résultats du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale exerçant en établissement scolaire.
Les éléments déclaratifs des psyEN en 2023 indiquent un indice de « satisfaction de leur travail en général » de 5,9 (sur 10). Ce chiffre est inférieur à la moyenne des français en emploi qui est de 7,1.
* Conditions matérielles :
Frais de déplacements non remboursés dans certaines académies. Des PsyEN qui n’ont pas de bureau, pas de téléphone, pas d’internet, pas de cahiers (protocoles) pour la passation des bilans psychométriques…
Les contractuels
L’emploi statutaire reste la priorité pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques. Ceci dit, dans l’attente d’une politique volontariste en matière de recrutement, le recours à l’emploi de contractuels est nécessaire. Or, à ce jour, de nombreux postes PsyEN EDA et EDCO ne sont pas pourvus par manque de candidat.es contractuel. Ce problème se retrouve sur l’ensemble du territoire national.
La CFDT a dénoncé quelques freins régulièrement observés :
- Des académies qui bloquent le recrutement de contractuels Psy-EN alors que tous les postes ne sont pas pourvus
- Les annonces ne sont pas régulièrement publiées sur France Travail
- Des conditions de travail dégradées, peu (voire aucune) de formation ou de tutorat lors de l’entrée dans le métier pour les EDA
- Une rémunération indiciaire faible
La CFDT revendique une réévaluation du cadre national de rémunération des contractuels.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques salue l’organisation des Assises de la santé scolaire et la priorité du MEN autour du bien-être et de la santé mentale des enfants et adolescents. Elle prévient néanmoins que sans professionnels Psy-EN en nombre suffisant, les mesures préconisées par le MEN ne pourront pas se déployer.
Revalorisations indemnitaires spécifiques
IFTS
Les PsyEN qui sont en service déconcentré (ONISEP, DRAIO) n’ont pas d’indemnité de fonction car pas de face à face élèves. Mais ils bénéficient de l’IFTS (indemnité forfaitaire pour travaux supplémentaires).
En 2022 des revalorisations indemnitaires des personnels administratifs ont été actées, mais les collègues psyEN en service déconcentré n’ont pas été associés. L’IFTS reste à la main des académies.
Revendication : demande d’établissement d’une grille objective pour les agents concernés.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques a transmis à Madame Lacoste une copie d’un courrier envoyé au DGRH pour l’alerter sur la situation.
DCIO et ICA
Faute de psyEN titulaires suffisants dans certains CIO mais surtout par manque de revalorisation de la fonction de directeur de CIO, des centres restent sans direction.
Il y a un déclassement des directeurs et directrices de CIO car :
- perte du grade de DCIO et du passage à la hors-classe automatique
- non-revalorisation de l’indemnité de charge administrative qui n’a pas évolué depuis 1996 .
A noter des conflits d’intérêt entre directeur/trice de CIO et psys EDCO d’un même CIO lorsque les DCIO évaluent leurs collègues tout en étant dans la même cohorte pour l’avancement à tous les niveaux (avancement accéléré, hors classe et classe ex).
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques demande une augmentation de l’indemnité de charge administrative (ICA) des DCIO.
Les passerelles
Le passage d’une spécialité à l’autre est statutairement impossible pour les agents titulaires contrairement aux contractuel.les. Ces passerelles pourraient être opérationnelles grâce à des modalités souples, éventuellement un module de formation continue et/ou du tuilage.
Dans certaines académies, il est possible de changer de spécialité (EDA devient EDCO et inversement).
Le Rectorat s’appuie sur les dispositifs de reconversion et d’adaptation disciplinaire à destination des enseignants du second degré (et donc des psyEN puisqu’ils sont considérés comme « enseignants et assimilés »).
La circulaire académique prend appui sur le décret n°2007-1470 du 15/10/2007 relatif à la formation professionnelle tout au long de la vie des fonctionnaires de l’État.
Après une affectation à titre provisoire d’une année, le changement de spécialité est validé par la DGRH.
La Fédération CFDT Éducation Formation Recherche Publiques revendique un cadrage national qui s’impose aux académies afin d’éviter les refus.
Madame Lacoste a pris note de cette revendication.
La CFDT EFRP sera vigilante par rapport à l’avancée de ces différents dossiers.