La déclaration liminaire de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques au CSAMEN du 06 mai 2025.
Lors de ce CSAMEN, la CFDT pointe les choix politiques faits, notamment en matière budgétaire, impactant le travail des agents et agentes.
Un constat une nouvelle fois dénoncé en CSAMEN
Travailler et travailler mieux, être bien au travail et être reconnu dans leur travail, avoir un travail qui donne le pouvoir de vivre dignement et qui soit reconnu à sa juste valeur, voilà ce à quoi aspirent les personnels quel que soit leur métier. Mais voilà nous avons beau dire et redire ce qu’il conviendrait de mettre en œuvre ou de respecter en matière de santé et sécurité au travail, en matière de qualité de vie au travail, en matière d’organisation du travail, en matière de conditions de travail, en matière de rémunération, rien n’y fait, les conditions de travail et le pouvoir d’achat se détériorent laissant les personnels désabusés et plein de défiance à l’égard des pouvoirs publics.
En effet, depuis la crise sanitaire de 2020, le rapport au travail a changé et surtout les diverses crises de tous ordres qui se succèdent ou s’articulent ont aggravé les inégalités et les difficultés économiques favorisant l’émergence et le développement des idées d’extrême droite. Par ses décisions qui pénalisent les plus fragiles, la responsabilité du gouvernement est engagée. Baisse de la rémunération pendant le congé maladie, suppression de la GIPA, temps incomplet imposé de fait pour les AESH, revalorisations salariales partielles au coup par coup pour tenter de renforcer l’attractivité, mais sans trajectoire pluriannuelle et donc sans donner de perspectives salariales aux agentes et agents…
L’écoute bienveillante ne suffit plus ! Les personnels veulent des actes forts de politique salariale, pas des mesurettes qui ne couvrent même pas la perte de pouvoir d’achat qui perdure depuis des décennies.
Actuellement, le contexte budgétaire de notre pays est au centre des discussions gouvernementales. Des recommandations ont été faites aux ministres pour limiter les dépenses et en particulier les dépenses ayant un impact pluriannuel sur la masse salariale. Un discours centré sur la stratégie budgétaire, mais qui ne dit rien aux usagères et usagers des services publics sur les services qui ne seront plus rendus, sur les difficultés déjà bien réelles que rencontrent les agentes et les agents pour accomplir leur mission, qui ne dit rien aux agentes et aux agents sur les activités professionnelles qu’ils et elles ne doivent plus effectuer pour des raisons budgétaires. Ne rien dire des effets du contexte budgétaire sur le travail met les agentes et agents sous tension, car ils et elles se retrouvent empêchées dans leur travail et en première ligne pour expliquer à la population les conséquences concrètes des décisions gouvernementales. Cette situation doit être sérieusement prise en compte et non ignorée, ni balayée d’un revers de main.
Des besoins clairs pour retrouver un sens du travail
Depuis la crise sanitaire, nous ne cessons de dénoncer la perte de sens du travail auquel nos collègues doivent faire face du fait de l’intensification du travail et des difficultés qui naissent de certaines évolutions et transformations du travail, avec l’école inclusive, la mise en œuvre de nouveaux systèmes d’information, la violence qui s’exprime à l’encontre des agentes et agents, mais aussi entre les élèves, les réformes qui se succèdent sans jamais étudier leurs effets, sans prendre en compte le travail réel des agentes et agents, sans prendre en compte les besoins des élèves, et la liste pourrait encore s’allonger…
Nos collègues, quel que soit leur métier, ont besoin d’écoute et de reconnaissance. Besoin d’écoute par un vrai dialogue professionnel qui leur permette de parler de leur travail et de son organisation pour l’améliorer concrètement ; d’écoute par un vrai dialogue social pour une amélioration de notre système éducatif et des conditions de travail des agentes et agents. Les assises de la santé scolaire organisées par le ministère ont suscité des attentes chez les personnels. Les différents professionnels dont le cœur de métier est d’agir pour la santé et le bien-être des élèves ont besoin d’être confirmés dans leur rôle. Leurs attentes sont grandes et ne doivent pas être déçues.
Nos collègues ont également besoin de reconnaissance par des mesures salariales générales qui valorisent le travail effectué et font évoluer régulièrement les rémunérations. Mais nous ne prenons pas le chemin de l’apaisement et de la sérénité au travail… bien au contraire. Comment les agentes et les agents des opérateurs peuvent-ils bien vivre leur travail quand c’est mois par mois qu’ils auront connaissance du budget alloué à l’opérateur pour lequel ils travaillent, et donc des activités possiblement réalisables ? Comment des agentes et agents peuvent-ils remplir leurs missions ou aller en formation quand les frais de déplacement ne sont plus remboursés ?
En consultant le rapport de la Cour des Comptes sur l’exécution budgétaire 2024, nous découvrons que les bourses et fonds sociaux ont été impactés à hauteur de 20 millions d’euros. Or, dans le même temps, les associations font état d’une aggravation de la pauvreté dans notre pays. La sous-dépense sur ces postes budgétaires, ce sont des élèves et leurs familles parmi les plus fragiles qui n’ont pas été autant soutenus qu’il était en théorie possible.
La CFDT demande, de nouveau, une politique volontariste pour que les fonds sociaux soient mobilisés au bénéfice des plus fragiles, et que ce ne soit pas un poste d’économie budgétaire.
En définitive, la gestion à courte vue de la situation budgétaire revient à faire porter les efforts d’abord sur les personnels empêchés dans le travail ou sur les usagers les plus fragiles. Pour nous, c’est inacceptable.
Retrouvez le communiqué intersyndical sur le budget 2026.
Une politique fiscale juste pour un service public de qualité
Pour la CFDT, c’est la politique fiscale de notre pays qui doit être révisée. La crise des finances publiques nécessite l’augmentation des ressources fiscales. Il faut donc réhabiliter l’impôt et le rendre plus juste et plus lisible, le rendre plus juste car actuellement la fiscalité pénalise les bas revenus et avantage les plus aisés. Réformer notre fiscalité est d’une nécessité impérieuse, car il ne peut y avoir de services publics de qualité et de solidarités sans contributions fiscales conséquentes justement réparties et donc avec un effet redistributif.
Le service public d’éducation est une richesse pour notre pays. Ses agentes et agents sont une richesse pour notre pays. Il est urgent d’en prendre soin en espérant qu’il ne soit pas trop tard… Un nouveau sursaut pourrait peut être trouver sa source en organisant non pas une convention citoyenne réduite au sujet des temps de l’enfant, mais bien comme le propose la CFDT depuis plusieurs mois, une convention citoyenne sur l’éducation qui permettrait de construire une vision partagée de la nation sur son école, pour une école de l’émancipation, qui donne à tous les enfants d’aujourd’hui le pouvoir d’agir sur le monde qui sera le leur demain tout en permettant aujourd’hui aux personnels de retrouver non seulement la fierté d’assurer une mission de service publique essentielle, mais aussi d’avoir la satisfaction de l’assurer dans de bonnes conditions et de bénéficier d’une reconnaissance matérielle et morale à la hauteur de ces enjeux.